Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
L’AMOUR HUMAIN.

rechutes étaient immanquables et il les accueillait au début avec cette euphorie molle et bizarre que j’ai déjà signalée. Ainsi l’esclave émancipé retrouve avec un certain plaisir la chaîne qu’il a tant de fois maudite.

Victor Hugo, père du romantisme, c’est-à-dire de l’hérédisme érigé en système — et quel aberrant système ! — Victor Hugo est un chantre typique du troisième acte du drame intérieur, notamment dans la zone amoureuse. Ce drame se joue chez lui avec une fougue et une verbosité extraordinaires, les éléments ancestraux du moi attaquant en foule et recouvrant, — telle la vague, le rocher, — un soi d’une trempe extraordinaire. Chez aucun autre auteur, sans doute, la séparation des deux pôles de la personnalité n’est plus marquée que chez celui-ci. On comprend, quand on les examine à cette lumière, les variations politiques et sentimentales de son existence. Le moi hugotique est énorme, boursouflé, disparate, véritable bric-à-brac héréditaire, où il y a de tout : de la vanité, de la peur, de l’hypocrisie, du relief, de la ronde bosse, de la truculence, de la gourmandise, même de la goinfrerie auditivo-vi-