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L’HÉRÉDO.

chantes. Il est d’observation courante que le sommeil chloroformique altère étrangement la voix dans la phase intermédiaire de l’action narcotique, au début et au réveil. C’est que le chloroforme engourdit et masque le soi et suscite les hérédismes de toute sorte, avant de les couper de la conscience. Toute émotion trouble la voix plus ou moins. Le simple balbutiement résulte de la vacillation, devant le soi, d’une verbosphère, ralentie ou désemparée par le passage d’un hérédisme, comparable à une étoile filante, sous l’influence d’un trouble quelconque, principalement génésique. Ce qui n’est alors qu’un accident fugitif devient un empêchement chronique chez le véritable bègue ; lequel est presque toujours un hérédo, de forme hésitante et aboulique.

C’est chez les meilleurs écrivains qu’il convient d’étudier le langage, à la lumière des notions qui précèdent. Car ce sont eux qui le concentrent et qui le fixent, maintenant ainsi, d’âge en âge, la communication intellectuelle et la communion sensible entre leurs concitoyens. Le langage est une grande part de la patrie. Le poète qui est le plus profondé-