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L’HEREDO.

stances. Ces heures, à demi voilées, enregistrent tantôt les débats des formations héréditaires, des fantômes contradictoires du moi, tantôt les efforts du soi pour dominer une telle confusion, tantôt la victoire de l’un ou de l’autre. La plupart d’entre nous se laissent aller à cette fluctuation, en quelque sorte sans intervenir. La puissance des passions de l’amour tient à ce qu’elles commencent par une incitation du soi, rapidement suivie d’une exaltation parallèle de toutes les composantes du moi. Ainsi s’éloigne l’état d’équilibre. Ainsi s’abandonne la raison. Ainsi le cheval fou, qui est le moi, entraîne bientôt dans l’attelage platonicien le cheval sensé qui est le soi. Ainsi nous courons à l’abîme, fort souvent en lâchant les rênes et en nous vantant de les lâcher. J’écris ce livre pour persuader à toutes les victimes de la prédominance du moi et des images ou impulsions héréditaires que le combat est possible et joyeux et que, bien mené, il doit se terminer par la victoire, par le triomphe de la raison, par l’acte de foi dans l’équilibre.

Je prie qu’on ne voie dans cet exposé nulle impiété vis-à-vis des morts, nos aïeux, dont