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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

lesquels le goût du changement et l’aptitude aux variations et sautes d’humeur pouvaient être considérés presque comme une tare, en tout cas comme un signe caractéristique. Ils abondent notamment dans la race sémite, qui a conservé intacte, au cours des âges, la plupart de ses attributs intellectuels et corporels. Charcot en avait déjà fait la remarque dans ses leçons du samedi à la Salpêtrière. Un de mes camarades de jeunesse, appartenant au peuple juif, émerveillait ainsi ceux qui l’approchaient par la diversité de ses connaissances, toutes approfondies, par une culture minutieuse et comme forcée des littératures européennes. Il parlait couramment cinq langues, dont il comprenait et faisait comprendre l’esprit, dont il goûtait les idiotismes, ce qui est aussi un privilège des hérédos. Il expliquait génialement les auteurs étrangers, leurs intentions, les qualités de leur style. Par contre, sa faculté créatrice était faible, courte, et fut rapidement tarie. Il avait cessé de produire quelques années avant la maladie qui l’emporta prématurément. Il avait précocement renoncé au soi.

La fixation des empreintes héréditaires,