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L’HEREDO.

d’origine sensorielle ou succédant à l’autofécondation, s’opère par l’état d’émotion, dans l’ordre moral, et quelquefois, dans l’ordre physique, par le stimulant pathologique d’un bacille ou d’une spirille congénitale.

L’émotion est un état de surprise sensible portant sur le moi. Mis en branle et pour ainsi dire en tremblement, les éléments héréditaires du moi dansent devant la conscience, y pénètrent, s’y gravent. Leur imprégnation est d’autant plus profonde que l’émotion a été plus forte. Il en résulte que les passions en général, renforçant en nous l’hérédo, contribuent à notre esclavage. Si, sous leur empire, nous cessons de nous gouverner, c’est parce qu’elles introduisent et accréditent en nous les éléments héréditaires, à commencer par les plus troubles, c’est parce qu’elles nous écartent du soi et de son unité. La colère, l’avarice, l’orgueil, la luxure, simples ou combinées, suscitent en nous une foule de personnages divers et de figures grimaçantes, qui prennent successivement la direction de notre être et l’entraînent à des actes de moins en moins libres, de plus en plus commandés. Ces déchaînements nous rivent, en nous donnant l’illu-