Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

sion de nous libérer. Ils nous transforment en un théâtre où se joue une pièce disparate et forcenée, empruntée à des éléments de drames antérieurs et marquée d’épisodes déjà éprouvés. La crise, l’état de fièvre, durent plus ou moins ; mais ensuite, nous nous apercevons que les éléments héréditaires se sont incrustés en nous, ont pris un caractère de permanence, sinon d’obsession.

Dans le cas de l’autofécondation, cette permanence, cette obsession, à la suite d’un choc émotif, sont encore plus graves. Elles peuvent aller jusqu’au remplacement, sur une large surface, de notre personnalité par un hôte nouveau, emprunté à la lignée des ascendants : « La maison est à moi, je le ferai connaître. » Il nous reste alors juste assez de connaissance pour discerner la métamorphose et pour en souffrir. Une existence entière risque d’être désolée et bouleversée par un tel changement, une telle intrusion, si le soi ne réagit pas.

Malgré mon désir de ne pas verser dans le travers des explications par la médecine, sujettes aux caprices de la mode, il me faut noter ici l’influence incontestable sur le moi des bacilles et des spirilles, notamment de celle de