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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

seule un traitement des défaillances du moi. L’on y voit cette volonté ardente et retorse se saisir, se redresser elle-même, expulser, au prix de rudes efforts, les images de l’asservissement intérieur, les tiraillements du doute par contradiction des ascendants, les tentations du dialogue en balancé et du scepticisme perpétuel, si fortes chez les philosophes à hérédité tyrannique. Pascal s’y dénude comme un anatomiste, qui se disséquerait lui-même fibre à fibre. Sa main tremble, mais point son esprit, qui demeure attentif et prompt. Cet effort, ce courage se sont inscrits dans un style où l’on voit le vouloir qui se contracte et qui réduit implacablement les penchants et les passions. Cette lutte se reflète jusque dans les pensées, dans leurs raccourcis, dans leurs ellipses fulgurantes, dans leurs gémissements et dans leurs cris, que couronne une réelle béatitude, quand le croyant, après maint détour, arrive à préciser l’infini, c’est-à-dire à étreindre le soi. À cet instant, la délivrance est complète et c’est le silence de la vie, nullement comparable à celui de la mort, puisqu’il est plein, l’autre étant vide,

À quels tournants de l’âge ou des circons-