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LE RÉVEIL DES HÉRÉDISMES

L’expression de leur regard change. Ils prennent souvent l’air de bêtes sournoises ou traquées. Heureux quand ces égarés de la lignée, indemnes cependant de toute lésion cérébrale proprement dite, ne disparaissent point dans le suicide, ou dans une déchéance animale !

Chez certaines femmes de bonne situation sociale, mais de faibles clairvoyance et volonté, on a remarqué, peu après la ménopause, des tendances subites au dévergondage, à l’alcoolisme, au jeu, qui sont bien ce que l’on peut s’imaginer de plus triste et de plus dangereux. Celles-là étaient des hérédos qui s’ignoraient, chez qui le penchant à la dislocation du moi par les fantômes intérieurs était demeuré dissimulé ou latent. Sous l’influence du retour d’âge, les fantômes sont devenus agressifs et ont triomphé sans difficulté d’un soi mal préparé ou timide. Car le piège de la véritable timidité est de ne point oser agir librement, conformément au tonus du vouloir, en vue de l’équilibre.

Je n’insiste pas sur les désordres et les malheurs familiaux, qui sont la conséquence de tels réveils intempestifs. Chacun n’a qu’à rappeler ses souvenirs. Mais c’est dans la han-