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LE COMBAT DES HÉRÉDISMES.

Mais l’hérédo ne connaît pas toujours ceux et celles qui viennent prendre place dans son moral et dans son physique, de façon transitoire ou durable. Très souvent, ces hôtes sont mystérieux et masqués, issus du lointain de la lignée ou d’un angle familial mal connu. Ils passent, indécis et grisâtres, parfois brièvement brutaux et tapageurs, s’insinuent sournoisement, disparaissent à l’improviste, sont remplacés par d’autres de même allure, de même maintien. Nous ne pouvons plus rien connaître d’eux, si ce n’est leur influence momentanée, leur succession, leur retour, comme s’ils avaient oublié quelque chose. Ils deviennent alors des protagonistes psychiques innominés, des créations demi-héréditaires, demi-imaginatives du moi.

Il déplaît à l’être normal et sain d’être ainsi gouverné par une dispute de morts, de servir de champ clos aux fantômes de sa lignée. C’est alors que le soi réagit par l’impulsion créatrice — en vue de l’équilibre raisonnable — et projette au dehors ces éléments de trouble et de discorde intérieure. La littérature dramatique et romanesque doit être ainsi envisagée, à mon sens, chez quelques-uns de ses