Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/46

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évocateur et régulateur, qui appelle, utilise, puis exorcise le fantôme ainsi convoqué, en détachant de lui telles parcelles brillantes, qu’il rend ensuite à la pénombre ou aux ténèbres, momentanément ou pour toujours.

Je me rends compte de la difficulté immédiate qu’il y a à substituer cette conception nouvelle des images à l’ancienne, où l’esprit humain était envisagé comme un simple kaléidoscope. Des verroteries scintillantes, et diversement colorées, y prenaient, par le mouvement gyratoire, des arrangements géométriques variés et instables. Mais, outre que le cerveau n’est pas comparable à un tube rempli d’éclats de clinquant, disposés entre des miroirs et sections de miroirs, il y a, pour tout être sain et moral, une harmonie, une cadence et un repos de la vie intérieure, même active, même intense, qui suppose d’autres lois que mécaniques et d’autres figures que matérielles. La vitesse des personnes héréditaires, gravitant en nous, est infinie ; l’ampleur et le nombre des images qui les composent sont également infinis ; les interférences, les rencontres, les brisements et éparpillements d’images sont fréquents. Cependant la raison, à l’état de veille, n’est ni obscurcie ni déviée par ces apparitions et réapparitions soudaines : et la logique court à son but, à travers ces feux d’artifices, sans en être, même légèrement, incommodée. Cela, c’est l’œuvre merveilleuse et immortelle, parce qu’intransmissible, du soi. Nous avons étudié, dans l’Hérédo, les rap-