Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/63

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nantes, compliquées. Ceci nous amène à considérer l’âge et le caractère des personimages évoquées — le plus souvent par l’instinct génésique — et interposées dans le champ de la conscience. En effet, tous les enfants sont mythomanes ; en dehors des nécessités du mensonge ou de l’altération systématique, tous ont plus ou moins plaisir à inventer et énoncer des circonstances sans fondement réel. C’est donc soit la survivance de l’état d’esprit enfantin, soit l’évocation de personimages arrêtées au temps de l’enfance, qui provoquent ce penchant très fréquent. Si le véritable mythomane peut emprunter l’accent de la sincérité, au point de dérouter les plus sagaces, c’est parce qu’il parle par la bouche d’une personimage enfantine. On a remarqué d’ailleurs que le son de la voix, dans ces récits imaginaires, était altéré, comme s’il appartenait à une personne différente, et souvent marqué de puérilisme. Des femmes de cinquante ans, en proie aux mythes et forgeries, s’expriment comme de toutes petites filles, et dégoisent leurs blagues en balbutiant et zézayant, avec des regards fixes de gosses effrayés, des menus gestes caractéristiques. Arrêtez-les, interrogez-les, montrez-leur votre incrédulité, elles n’insisteront pas plus que des enfants.

Je connais un petit garçon (il avait sept ans à l’époque) d’une imagination normale, mais très développée. Revenant de sa première journée d’école, il déclara ceci : « Maman, le professeur nous a fait une leçon sur les serpents si belle qu’à la fin nous