Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/73

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vitæ. Les personimages se ralentissent, elles deviennent imprécises et vagues, elles s’embrouillent, se confondent, se contredisent, amenant en nous un trouble profond. Une impression de foule incohérente, de dispute interne, succède à l’impression d’harmonie et de sécurité. Comme chaque fois que le taux de la vie diminue et que le soi restreint son contrôle, la propension au vol, au mensonge, aux combinaisons malsaines et criminelles peut se dessiner de plus en plus, avec une intensité qui varie selon le poison et la dose du poison absorbé.

La morphine rend sournois et menteur ; l’alcool, la cocaïne, l’absinthe rendent persécuté et furieux. Je renvoie aux traités spéciaux, me contentant d’étudier ici l’influence de ces substances dangereuses sur les personimages héréditaires, au moral et au physique.

L’action de la morphine et de la cocaïne, par la voie sous-cutanée, est très rapide. La première procure une activité intellectuelle intense, la seconde une délicieuse fraîcheur. L’effort de ces substances porte immédiatement et à la fois sur les grands récepteurs et transformateurs nerveux des figures héréditaires ; le cerveau et le grand sympathique. Elles les bombardent de parcelles infinitésimales, ayant elles-mêmes des affinités avec nos images internes, intellectuelles et organiques. C’est alors, devant la conscience, une pluie d’aspirations vagues, de souvenirs, d’états d’esprit, d’aperçus de caractère et de tempérament, bref d’hérédismes détachés