Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

zone d’une personimage intérieure, par le feu du désir et de la jouissance solitaire, peuvent dépendre le malheur de toute une vie, et le demi-malheur d’une autre vie, sortie de cette vie. C’est ma conviction que, si l’on remontait à l’origine des actes criminels ou fautifs de la plupart des humains, on trouverait une mauvaise image, venue de l’ascendance, profondément imprimée à la puberté ; et qui donne ensuite du trouble, du vice et du malheur, comme un gaufrier donne des gaufres. Éducateurs, parents, pensez à cela ! Écartez de l’imagination tendre et frêle, pâte délicate où tout se grave, les sensations de toute sorte, qui font lever les larves dangereuses. Mais nourrissez l’imagination ! Ne tombez pas dans l’erreur de l’exercice sportif à jet continu, considéré comme frein de l’esprit tumultueux. Vous pourriez avoir des mécomptes. Favorisez, par des lectures et des conversations appropriées, par des promenades, par de la gaieté surtout et de nobles spectacles, favorisez la bonne hérédité, féconde en hérédismes sages, et combattez et chassez la mauvaise ! L’enfant est avide de plaisirs sains, comme l’homme est avide de bonheur. Il est plus aisé de lui dispenser ce plaisir qu’il ne l’est de garantir le bonheur à l’homme fait. J’ai confiance dans la lecture bien guidée, dans l’amusement et dans le jeu. J’ai confiance aussi dans l’atmosphère raisonnable, qui émane de parents clairvoyants, et je bannis, de la table où sont les enfants, le paradoxe, toute confusion, surtout attrayante, au bénéfice du