Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/86

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mal ou du faux. Car ils existent, les deux chemins d’Hercule, et il faut les montrer sans cesse aux tout petits, en guidant leur choix, en ridiculisant le mauvais, en faisant peur de ses conséquences.

L’illustration littéraire des lignes qu’on vient de lire est le cas de Jean-Jacques Rousseau. Ses Confessions sont un monument unique d’harmonieux cynisme. Mais les Jean-Jacques sont légion ; d’où le succès durable de ce livre, On s’est demandé, pathologiquement et psychologiquement parlant, dans quelle catégorie situer Rousseau. C’est un hérédo à prédominance sexuelle, tout proche, par conséquent, de l’aliénation morale. Son style, c’est-à-dire sa personnalité seconde, est un mélange de discernement et d’aveuglement. Discernement quant au choix des mots et à leur cadence ; aveuglement quant aux directives de la raison. Le délire terminal de Rousseau est en germe dans certaines pages, bien connues, des Confessions. Ses rêveries solitaires ont commencé trop tôt.

Sans doute l’hérédité nerveuse crée-t-elle un penchant au vice solitaire, qui aboutit à corrompre et désorbiter l’esprit. Mais l’éducation peut et doit combattre l’hérédité nerveuse, une fois reconnue. Il faut alimenter l’imagination des enfants à l’aide de contes, d’histoires, de spectacles moraux. Ce qui n’implique nullement la fadeur, ni la fadaise. Il faut taire ce qui serait susceptible d’alarmer ou d’aiguillonner certaines parties, que j’appellerai réservées, de cette imagination. Il faut éluder la curiosité