Page:Léon Daudet - Les morticoles, Charpentier, 1894.djvu/382

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Qu’elle nous protège ! » Alors je me plaçai entre mes camarades, la main sur l’épaule de chacun d’eux, tourné vers l’horizon libérateur, et je m’écriai : « Mon Dieu, vous êtes la source de toute bonté, de tout amour. Sans vous, la conscience n’est qu’un mot, l’homme qu’un amas de boue et de sang. Que l’exemple des Morticoles, cité par nous, serve à tout le monde ! Les malheureux ont cru que la Matière suffisait à tout ; ils vous ont chassé de leurs âmes. Votre vengeance, c’est leur état de mensonge, de haine et de misère. Se croyant libres, ils sont esclaves ; se croyant immortels par la connaissance, ils sont les plus ignorants et les plus éphémères des hommes, car la haute vérité leur échappe, laquelle n’est qu’en vous et ne vient que de vous. Accablés de maux, aveugles et sourds, ils tâtonneront sans cesse dans une obscurité meurtrière, tandis que les simples d’esprit et de cœur verront clair, auront des émotions pures et la béatitude éternelle. Gloire à vous, seul glorieux ! Malheur, trois fois malheur à cette cité néfaste où votre nom est oublié ! »