e 1885 à 1900, le rempart de la tradition et de la bonne société contre l’anarchie en marche, politique, intellectuelle
et morale, comprenait théoriquement l’Académie française
et la Revue des Deux Mondes, périodique fondé par le
vieux Buloz. En fait, la Revue des Deux Mondes était comme
l’antichambre de l’Académie française. Après avoir fait un
stage chez Buloz, l’écrivain, le philosophe, l’historien en
renom ou bien considéré, allait se faire accueillir ou casser
le nez par les Quarante. Ceci vous explique l’importance extraordinaire
de Ferdinand Brunetière, homme éloquent, brave,
ardent, laborieux, mais à mon avis foncièrement sot, qui la
dirigea effectivement pendant de longues années, avant comme
après l’élimination, devenue nécessaire, de Buloz fils, de
Charles Buloz.
Le hasard fit que j’assistai, séparé d’elle par un simple mur, à la scène de cette élimination. Voici comment. J’avais proposé à Brunetière pour la Revue, comme on disait, le manuscrit de mon troisième roman, l’Astre noir. Il m’avait écrit, après lecture, que ça allait, mais qu’il me demandait d’importantes retouches. Tout content, je me rendis donc rue de l’Université, afin de reprendre mon manuscrit et de connaître les correc-