e tous les milieux parisiens où fut organisée la résistance
nationale, pendant les années troubles qui précédèrent la
grande guerre, le plus important et le plus actif fut certainement
le salon de Mme de Loynes, 152, avenue des Champs-Élysées.
C’est là que Jules Lemaître avait son camp. C’est de
là que partaient les directions et les consignes, dans des circonstances
que je conterai plus tard, quand on pourra parler
librement. Aujourd’hui, je veux simplement vous faire connaître
cette conjonction de deux esprits clairs et de deux
volontés droites, mis au service du pays. Admis dans leur intimité,
les aimant ardemment, elle et lui, ayant reçu d’eux des
témoignages inoubliables d’affection, je puis dire, imprimer
d’eux, après leur mort, ce que leur extrême modestie m’aurait
interdit d’exprimer et d’imprimer de leur vivant. Cela est
d’autant plus nécessaire qu’un vieil homme sans pudeur,
M. Arthur Meyer, directeur du Gaulois, accueilli par Mme de
Loynes, a écrit, sur sa bienfaitrice disparue, un livre misérable,
où la perfidie s’enveloppe, s’enrobe d’une mélasse sémitique,
où le fiel est coulé en dragées. Il importe de remettre les choses
au point et l’annaliste impudent à la niche.
Mme de Loynes avait été d’une parfaite et délicate beauté,