Page:Léon Daudet - Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux (I à IV).djvu/499

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE PREMIER
LE SALON DE MADAME DE LOYNES


Mme  de Loynes et Jules Lemaître. — Les dîners avenue
des Champs-Élysées. — Henry Houssaye. — Grosclaude. — Capus.
Donnay. — Rochefort. — Arthur Meyer. — Adrien Hébrard.
Mitchell. — Gaston Jollivet. — Doyen. — Calmette. — Vallier.
Henry Simond. — Ernest Daudet.



De tous les milieux parisiens où fut organisée la résistance nationale, pendant les années troubles qui précédèrent la grande guerre, le plus important et le plus actif fut certainement le salon de Mme  de Loynes, 152, avenue des Champs-Élysées. C’est là que Jules Lemaître avait son camp. C’est de là que partaient les directions et les consignes, dans des circonstances que je conterai plus tard, quand on pourra parler librement. Aujourd’hui, je veux simplement vous faire connaître cette conjonction de deux esprits clairs et de deux volontés droites, mis au service du pays. Admis dans leur intimité, les aimant ardemment, elle et lui, ayant reçu d’eux des témoignages inoubliables d’affection, je puis dire, imprimer d’eux, après leur mort, ce que leur extrême modestie m’aurait interdit d’exprimer et d’imprimer de leur vivant. Cela est d’autant plus nécessaire qu’un vieil homme sans pudeur, M. Arthur Meyer, directeur du Gaulois, accueilli par Mme  de Loynes, a écrit, sur sa bienfaitrice disparue, un livre misérable, où la perfidie s’enveloppe, s’enrobe d’une mélasse sémitique, où le fiel est coulé en dragées. Il importe de remettre les choses au point et l’annaliste impudent à la niche.

Mme  de Loynes avait été d’une parfaite et délicate beauté,