Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/183

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La normalienne, le lundi, le mercredi et le vendredi, d’une heure trois quarts à deux heures et demie, se charge, des plus aisément, la craie à la main, de cet heureux rapprochement.

« J’ai deux douzaines de cerises, vous allez les voir sur le tableau ; j’en veux faire trois parts égales : une que je mangerai de suite, une que je conserverai pour ce soir, une que j’offrirai à un camarade. »

Et la craie marche, et la langue, et tout y passe — sans que le truquage apparaisse — l’addition, la soustraction, la division, la frugalité, la prévoyance, l’économie, la générosité… et un cerisier et une assiette et une table.

C’est bien. Et je ne suis nullement satisfaite.

Du reste, j’ai l’esprit chagrin et il ne m’arrive que des ennuis.

Je suis allée dimanche, voir mon oncle, sur une convocation brève et peu aimable.

— Qu’est-ce qu’il y a ? m’a-t-il crié à brûle-pourpoint.

— Mon oncle, c’est vous qui m’appelez…

— Tu ne sais rien ? Qu’est-ce que ça veut dire : on est venu dans le quartier, chez la concierge, faire une enquête… oui, quand tu écarquilleras les yeux… et c’était surtout toi, tes antécédents, que l’on voulait connaître. Tu y es maintenant ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Mon oncle, peut-être l’Administration…

— Ce n’est pas l’Administration ; il s’agit d’une de ces agences qui font des recherches dans l’intérêt des familles.