Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/276

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médiocrité satisfaite, disait à Louise Guittard, en se frottant une bosse au front :

— Pendant qu’a m’bat, on a la paix.

Je le répète, c’est une affaire de quartier : les parents ont une façon particulière de comprendre leurs droits vis-à-vis de l’école — et une façon non moins particulière d’aimer leurs enfants qu’ils rossent si bien.

On note d’abord curieusement la crainte, l’hostilité et l’exigence des gens du peuple à l’égard de l’administration. « C’est nous qui payons ; les administratifs sont là pour nous servir », et, en même temps, pour eux, l’école tient du bureau de bienfaisance. Ils s’humilient pour obtenir la cantine gratuite, pour participer à la distribution des galoches et des tabliers qui a lieu après la Toussaint, mais ils s’humilient « à coup sûr ». Ils prétendent céder en partie leur progéniture à l’administration.

Ainsi, une fois, Léon Ducret avait perdu une pièce de quarante sous en allant faire une course pour un commerçant, sa mère est venue réclamer à la directrice, sans hésitation :

— Madame, ce petit a perdu quarante sous, faudrait que l’école les rembourse.

Dans son idée, l’école était responsable du gamin.

Les gens sont très pénétrés aussi du respect hiérarchique. Ils menacent peu la directrice, mais ils se rendent compte qu’une institutrice-adjointe est une salariée d’un genre à part, guère mieux lotie