Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/285

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Elle m’a raconté toute une période de sa vie : ses fiançailles, des détails sur son défunt mari. Elle est arrivée, sans trop de maladresse, à des considérations sur la nécessité du mariage ; elle a recommencé des allusions que j’ai supportées par faiblesse, par découragement.

Certes, le moment avait été choisi à point. Accoudée à ma table de jeu, dans une sensation affreuse d’abandon, je répondais par des haussements d’épaules, par des mots d’indifférence à l’égard des décisions du sort.

Oui ! mais n’ai-je pas eu l’air d’acquiescer « à n’importe quoi » ? Et j’ai laissé formuler des conseils trop explicites, — presque des « propositions » !

Maintenant je me reprends. Quelle est cette nouvelle persécution ? Ne suis-je pas folle de l’avoir permise ? Et vraiment, n’ai-je pas entrevu… ?

Je me révolte ! Chassons ces pensées.

Non, abordons-les carrément, une bonne fois, pour en finir ! Assez de lâcheté, assez d’hypocrisie, assez de me tromper moi-même : Mme Paulin a une mission et depuis longtemps déjà : aucun doute là-dessus.

C’est prodigieusement bête d’avoir chargé de mission Mme Paulin, malgré son âge d’expérience… à moins que cela ne soit profondément « psychologique »,… car, de qui aurais-je toléré les allusions si bien réussies par Mme Paulin ?

Non ! il n’y a là que de l’audace indécente et de la stupidité. L’affaire est réglée.