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la maternelle

la rue, entre le calorifère et les lavabos, puis d’obliquer vers le mur, entre les deux portes de classes, face à l’entrée, où filles et garçons mêlés s’asseyent sur des bancs, en trois groupes différents, selon leur importance physique.

Je ne restai pas longtemps à bâiller, devant la trappe, l’air emprunté : vivement des gestes de la directrice me firent fonctionner ; je dirigeai, vers le coin du vestiaire, puis vers leur groupe, les tout petits, les hésitants, les lambins.

Au fond, du côté de la cour, ma collègue Mme Paulin, sur le seuil de la cantine, m’observait, un chou et un couteau dans les mains, prête à voler à mon secours.

C’était une arrivée ininterrompue, offrant cette première image, en gros : un monde lilliputien avec tabliers, mollets nus tout minces et grosses chaussures à cordons. Quelques enfants amenés par leur mère pleuraient en dehors de la balustrade, mais, une fois enclos, ils reniflaient une consolation immédiate, en s’entendant interpeller gentiment par la directrice :

— Eh bien ! eh bien !

Beaucoup arrivaient par paires : de taille inégale, ils se tenaient par la main et traînaient les pieds, puis se séparaient avec un « galochage » rapide.

« Mon Dieu, qu’ils sont petits ! Quels brimborions que les élèves d’une école maternelle ! » Telle fut ma remarque inattendue et j’étais saisie d’une disproportion presque comique entre la hauteur des bambins et la distance du plafond, à cinq mètres du