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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

Durant le moyen âge, nos sculpteurs, formés par la seule intuition de ce qui convenait aux différents édifices, étaient devenus d’une habileté et d’une fécondité extraordinaires. Pour eux, au début de la Renaissance, il s’agissait donc, non de créer tout à nouveau, mais de développer en la transformant l’ancienne manière. Plus tard, il est vrai, les choses changèrent un peu, et à l’époque où nous sommes arrivés, extérieurement, comme en Italie, la statuaire tendait à prévaloir. L’ornementation proprement dite, avec ses qualités de verve et d’abondance, continua seulement à se produire au dedans des églises où tombeaux, retables, jubés, stalles et boiseries restèrent jusqu’à la fin des chefs-d’œuvre d’harmonie et de délicatesse. Dans le but d’aider à une élégance que paraissait trop peu favoriser l’art classique, on prolongea plus longtemps pour ces petits monuments secondaires les ornements de la première moitié du xvie siècle. Il est tel jubé du temps de Henri IV, par exemple celui de Saint-Étienne-du-Mont, à Paris, qu’à la finesse des découpures et même à certaines formes procédant du gothique, on prendrait au premier abord pour une conception du temps de Louis XII. Ainsi les accessoires, qui ont tenu une si grande place dans les débuts de la Renaissance, recouvrent à la fin toute leur importance.

Nous n’avons pas encore épuisé la mention des caractères qui méritent d’être signalés. De même qu’aux différents siècles précédents, dès la fin du règne de Louis XII on vit se former des écoles régionales. L’art, suivant les provinces, s’accusa par des variétés assez difficiles parfois à déterminer d’une manière