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patois de jadis, cela doit être attribué, surtout, aux ravages du temps, qui a prise sur les choses, en raison même de leur fragilité.

Conséquemment, lorsqu’on prend comme point de départ Namur, c’est aussi en se déplaçant d’une localité à l’autre, comme à travers des cercles concentriques qui s’élargissent toujours, et c’est en remontant le cours des siècles, comme les marches d’une échelle, qu’on rencontre les différences de forme et de locution dont nous sommes si souvent frappés.

Les changements s’opérant lentement et insensiblement, les causes de leur production parfois nous échappent ; mais nous n’avons qu’à bien observer les faits et alors nous parviendrons à les saisir.

Puisqu’il s’agit de démontrer l’antiquité du wallon de Namur, que personne du reste ne révoque en doute, je me bornerai, aujourd’hui, à cela.

Le Wallon de Namur est sorti de sources différentes, à peu près à la même époque que ce qu’on appelle l’ancien français ; mais une fois que les éléments dont il se compose se sont fusionnés pour former une unité, il n’a plus obéi qu’à ses lois intérieures, dont il est toujours difficile de mesurer la portée.

Dès-lors, en commun avec ses frères de Belgique, il a subi les lois de détérioration dans leur travail continu.

En vertu de ces lois et par la force de sélection, bien des mots dont se composait le riche vocabulaire wallon namurois, après avoir vu le jour dans de bonnes ou mauvaises conditions, ont grandi dans leur acception et ont atteint l’âge adulte ; mais, décomposés par l’usure du temps, le moment du déclin étant arrivé, ils ont vieilli et ont succombé après une âpre lutte, au milieu d’une foule de jeunes, parvenus au sein d’autres mots mieux constitués, qui sont restés, malgré tout, bien vivants, et, à côté, d’autres encore, moins vigoureux, qui sont en train de disparaître.