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dans d’autres milieux défavorables. Tel est le cas, par exemple, du cornique éteint, comme on sait, à la fin du dernier siècle, devant les progrès rapides de l’Anglais.

Or, il y a lieu de remarquer que ces sauvageons sont assez souvent d’excellents sujets pour la greffe, si toutefois ils ne sont pas des types de sélection, que cette ivraie n’en est pas une, et qu’en fait de dialectes en train de disparaître ou disparus, il ne faut mettre en ligne de compte que les plus chétifs et mal outillés pour la lutte, à complexion faible et morbide en même temps ou subséquemment éprouvés par l’état misérable de la nation à laquelle ils appartiennent.

Les dialectes bien conformés, au contraire, sont destinés parfois à devenir des langues ou bien à entretenir et à étayer celles qui existent déjà.

Je rappelle à ce propos que le français lui-même n’a été, dès le commencement, que l’humble dialecte de l’Île-de-France, une variété du Bourguignon, enrichi plus tard des dépouilles du Picard et du Normand, et que tous ces dialectes doivent leur commune origine non pas au latin classique, mais au latin vulgaire ou populaire.

Or, il s’agit de savoir si le Wallon, dans ses différentes variétés, est un dialecte qui offre les conditions voulues de viabilité et de résistance pour continuer son voyage à travers les siècles.

L’histoire des anciens monuments du français du Nord en dit assez quant à son passé.

La richesse prodigieuse de son vocabulaire, ses belles diversités morphologiques, la coupure de ses phrases on ne peut plus pittoresques, le mécanisme ingénieux de sa grammaire, à tant d’égards originale, l’abondance et le choix de ses productions littéraires, me dispensent d’en faire ici l’apologie quant au présent.

Je ne prétends pas affirmer que le Wallon deviendra nécessairement, à un moment donné, une langue litté-