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raire proprement dite, et qu’on ne doit pas s’épargner d’efforts pour poursuivre ce but ; mais la seule possibilité de le devenir, ce qui ne pourrait être nié par personne, montre qu’il n’est pas à dédaigner au point de vue même de son emploi, et qu’on doit lui reconnaître une place au soleil, sans trop sophistiquer sur les chances de sa longévité.

Aider, d’autre part, à sa destruction ainsi qu’à l’extermination de tous les patois congénères, ce serait desservir plutôt que servir la langue à laquelle il se rattache, car c’est surtout dans les dialectes, sources vierges et primitives de leur formation, que les langues ce rajeunissent et se refont de leurs pertes. Le jour où ces sources seraient taries, la langue deviendrait un produit absolument artificiel, manquant de sève, de chaleur, de souplesse et de toutes les qualités essentielles qui constituent sa force et sa viabilité.

Mais la possibilité même de cette destruction doit être écartée aprioristiquement.

Au surplus, la marche réfléchie du progrès dans ce domaine, comme dans tout autre, ne peut que modifier l’ordre naturel. Quant à l’enrayer et, ce qui est plus, à l’intervertir, ce n’est pas du tout dans son caractère, ni dans sa mission ni dans ses moyens.

Le Wallon qui, du reste, se porte très bien, vivra donc, malgré tout, et vivra longtemps encore.

Mais il changera, comme tout change dans la nature, l’avenir des langues étant lié à l’avenir de l’homme, indépendamment de sa volonté.

Sans rien détailler ni préciser, il est même permis de fixer à son égard les points suivants, qui peuvent convenir aussi à tous les autres dialectes :

1o Qu’il continuera à exister tout en se modifiant, comme il l’a fait jusqu’ici, les mêmes causes produisant les mêmes effets ;

2o Qu’il changera avec plus de rapidité, en raison