Page:Léon XIII - Encyclique Rerum Novarum, Sur la condition des ouvriers - 1920.djvu/10

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C) Intervention du Pape

C’est pourquoi, Vénérables Frères, ce que, pour le bien de l’Eglise et le salut commun des hommes, Nous avons fait ailleurs par nos Lettres sur la souveraineté politique, la liberté humaine, la constitution chrétienne des États et sur d’autres sujets analogues, afin de réfuter, selon qu'il nous semblait opportun, les opinions erronées et fallacieuses, Nous jugeons devoir le réitérer aujourd’hui et pour les mêmes motifs, en vous entretenant de la condition des ouvriers. [1] — Ce sujet, Nous l'avons, suivant l’occasion, effleuré plusieurs fois ; mais la conscience de Notre charge apostolique Nous fait un devoir de le traiter dans ces Lettres plus explicitement et avec plus d’ampleur, afin de mettre en évidence, les principes d’une solution conforme à la justice et à l’équité.


D) Difficulté et nécessité d’une solution

Le problème n'est pas aisé à résoudre, ni exempt de péril. Il est difficile, en effet, de préciser avec justesse les droits et les devoirs qui doivent à la fois commander la richesse et le prolétariat, le capital et le travail. D'autre part, le problème n’est pas sans danger, parce que trop souvent des hommes turbulents et astucieux cherchent à en dénaturer le sens et en profitent pour exciter les multitudes et fomenter des troubles. Quoi qu’il en soit, Nous sommes persuadé, et tout le monde en convient, qu’il faut, par des mesures promptes et efficaces, venir en aide aux hommes des classes inférieures, attendu qu'ils sont pour la plupart dans une situation d’infortune et de misère imméritée.

  1. C’est donc de la question ouvrière que Léon XIII va surtout s’occuper dans cette encyclique. N'oublions pas cependant ce que fait observer justement l’abbé Garriguet : « La question sociale ne se confond pas absolument avec la question du paupérisme ni même avec la question ouvrière. Elle embrasse davantage. Cependant comme la crise actuelle est, en très grande partie, causée par la misère de cette multitude d'hommes qui tirent du travail manuel tous leurs moyens d’existence, en fait sinon en droit, on ne distingue guère la question sociale de la question ouvrière ».