Page:Léon XIII - Encyclique Rerum Novarum, Sur la condition des ouvriers - 1920.djvu/30

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un soin religieux comme le bien propre de la famille des pauvres. Elle est allée jusqu’à assurer des secours aux malheureux, en leur épargnant l’humiliation de tendre la main. Cette commune Mère des riches et des pauvres, profitant des merveilleux élans de charité qu’elle avait partout provoqués, fonda des sociétés religieuses et une foule d’autres institutions utiles qui ne devaient laisser sans soulagement à peu près aucun genre de misère. Il est sans doute un certain nombre d’hommes aujourd’hui qui, fidèles échos des païens d’autrefois, en viennent jusqu’à se faire même, d’une charité aussi merveilleuse, une arme pour attaquer l’Eglise. On a vu une bienfaisance établie par les lois civiles se substituer à la charité chrétienne. Mais cette charité chrétienne, qui se voue tout entière et sans arrière-pensée à l’utilité du prochain, ne peut être suppléée par aucune organisation humaine. L’Église seule possède cette vertu, parce qu’on ne la puise que dans le Cœur sacré de Jésus-Christ, et que c’est errer loin de Jésus-Christ que d’être éloigné de son Eglise.

Toutefois, pour obtenir le résultat voulu, il faut sans aucun doute recourir de plus aux moyens humains. Tous ceux que la question regarde doivent donc viser au même but et travailler de concert, chacun dans sa sphère. Il y a là comme une image de la Providence gouvernant le monde ; car nous voyons d’ordinaire que les faits et les événements qui dépendent de causes diverses sont la résultante de leur action commune.

Or, que sommes-nous en droit d’attendre de l’Etat pour remédier à la situation ? Disons d’abord que, par Etat, Nous entendons ici, non point tel gouvernement établi chez tel peuple en particulier, mais tout gouvernement