Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/154

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appercevoient, ils perdroient la force et le caractère naturel de l’expression avec laquelle ils se portoient à l’action : comme lorsque deux hommes colères et emportés contestent ensemble, chacun prétendant avoir raison, on les voit remuer avec furie les sourcils, faire des gestes des bras, et de grands mouvemens de toutes les parties du corps, selon l’intention qu’ils ont, et l’impression de la passion qui les agite ; ce qu’il seroit impossible de représenter par un modèle auquel on voudroit faire exprimer les effets d’une véritable colère ou de quelqu’autre passion, comme de douleur, d’admiration, de crainte, de joie et de quelqu’autre passion que ce soit. Vous aurez soin de porter toujours sur vous vos tablettes, afin d’y esquisser légèrement ces expressions, et en même temps aussi, prenez garde à ce que font ceux qui se trouvent présens dans ces occasions, et qui sont spectateurs de ce qui s’y passe, et par ce moyen vous apprendrez à composer les histoires. Et quand vos tablettes seront toutes remplies de ces sortes de dessins, conservez-les bien et les gardez, pour vous en servir dans l’occasion. Un bon Peintre doit soigneusement observer deux choses, qui sont de grande importance dans