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INTRODUCTION


l’unité ; mais ce Charlemagne finit comme Louis le Débonnaire ; soit faiblesse paternelle, soit aveu d’impuissance en face des jalousies locales surexcitées, il partage lui-même son empire entre ses fils. La petite vallée devient le siège permanent de trois royaumes, le champ de bataille de trois dynasties.

L’émulation d’abord est glorieuse et féconde. Bhatgaon, la création des Mallas, s’orne de monuments splendides élevés par une dynastie de constructeurs ; ses palais et ses temples étalent les splendeurs et les hardiesses de l’art népalais. Katmandou s’enorgueillit de rois poètes, littérateurs, et même polyglottes ; un d’entre eux, qui couvre de ses élucubrations les dalles de la ville, trace sur la façade de son palais deux mots français : AUTOMNE LHIVERT en 1654 ! Patan, la métropole du bouddhisme et la forteresse de la foi, a un roi mystique qui vit en ascète et disparaît un jour sous le costume anonyme du mendiant religieux. C’est le moment où l’Europe entend parler du Népal ; comme au temps du fabuleux Mañjuçrî, l’accès s’ouvre par la voie du Nord. Un jésuite, le P. d’Andrada, recueille au Tibet en 1626 les premières informations ; en 1662, deux héros de l’exploration asiatique, le P. Grueber et le P. Dorville, partis de Pékin pour l’Inde, traversent le Népal. À la même époque le Français Tavernier qui visite en commerçant avisé les États du Grand Mogol s’enquiert de la route qui mène, par le Népal, de l’Inde à l’Asie centrale. Offert en même temps aux deux forces de l’expansion européenne, le Népal échappe au trafiquant pour échoir au missionnaire. Mais les Jésuites qui l’ont découvert s’en voient frustrés par la malveillance du pape. Les Capucins en reçoivent la charge ; ils installent au Népal et au Tibet des missions non moins charitables que stériles. Seul, le P. Horace della Penna, qui meurt à Patan en 1745 mérite un hommage de la science. Expulsés du pays après un