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Page:L’Égyptienne, année 4, numéro 36, mars-avril 1928.djvu/27

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Tout un vol de rubis, perles et diamants…
Il me semblait qu’un bienfaiteur inexorable,
M’entraînait malgré moi, vers un but délectaole.
La gazelle alors dit d’un ton un peu malin :
Cruel hier, doux aujourd’hui : c’est le Destin.

Pourquoi suis-je en ces lieux ? Je ne le sais moi-même
Murmura le lion songeur. Tout ce que j’aime,
Désert, mirage, illusions !… J’ai tout quitté !
Hélas ! qui sait ?… peut-être aussi ma liberté !!!

dalale.


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AMIA

(Souvenirs du Liban)

— « C’est la volonté de ton père », disait la tante.

— « Ah, ma chère tante, ma chère amie ! C’est la volonté de mon père mais non la mienne. Et moi, je refuse, je n’en veux pas de cet homme ! »

— « Mais, enfin, quelles sont tes objections ? »

— « Mes objections ? Elles n’existent pas, répondit Lamia. D’accord, que ce monsieur est « parfait, », pour parler comme mon père. Mais cette perfection m’est insupportable et je n’en veux pas ! »

— « Aurais-tu dans l’imagination le portrait de quelque prince charmant ? Aurais-tu un « Idéal » ? Dis ! »

Lamia se tut un moment puis, murmura : « Je ne sais pas ! »

— « Enfin, dit la tante en se levant, pour partir, réfléchis beaucoup, ô Lamia, tâche d’être raisonnable et d’obéir à ton père. N’oublie pas de venir demain, car j’aurai quelques-uns de mes parents de Beyrouth. Viens de bonne heure et on s’amusera. »

Son amie partie, la jeune fille se dirigea vers la fenêtre. Glorieusement, le soleil s’en allait et le soir, accablant de douceur, tombait sur les montagnes libanaises. Elle regarda le crépuscule où se baignait la colline, maintenant presque irréelle, faisant face à son cher village. Et à mesure que les choses se brouillaient et s’effaçaient dans l’obscurité, leur âme semblait grandir et devenir de plus en plus imposante, pendant que les rêves du jeune cœur indécis devant la vie cherchaient à prendre corps en se formulant.