Page:L’Épopée Napoléonienne dans la poésie française, éd. Allem, 1912.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sainte-Hélène
par EMILE DEBRAUX (1)


J’ai dit au chef de nos vieux matelots :
Quel est ce roc embrassé par les flots ?
Un saint respect succède à l’insolence :
Je vois les fronts s’incliner en silence ;
De ces rochers quel est donc le renom ?
Quelle est cette tombe sans nom ?
A qui furent ces armes ?
— Bon voyageur, verse des larmes :
Ici mourut Napoléon.

Vous qui vingt fois tombâtes à ses pieds,
Levez enfin vos fronts humiliés !
De vos bandeaux secouez bien la poudre
Qu’avait sur eux fait rejaillir sa foudre.
A force d’or, chassé de l’horizon,
L’aigle est mort dans une prison
Serrant encor ses armes.
— Bon voyageur verse des larmes :
Ici mourut Napoléon.

Ah ! pouvait-il porter longtemps des fers,
Lui dont les pas ont usé l’univers ?
J’ai vu tomber sa tête profanée,
Comme à Jésus d’épines couronnée.


(1) Nous avons placé enfin à la suite des odes précédentes ces cou- plets d’Emile Debraux non moins enthousiastes que les poèmes de Gérard de Nerval, de Madame de Girardin, et de Pierre Lebrun.