Page:L’Étourdi, 1784.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
L’ÉTOURDI.


arriver. Elle ne manqua pas de raconter d’abord l’accident fâcheux arrivé au pauvre Gordon, & à me dépeindre, en contrefaiſant mes révérences, & répétant quelques-unes de mes phraſes. La Comteſſe & ſon mari éclataient de rire ; & Madame d’Orfoi n’ayant garde d’en ſoupçonner le motif, l’attribuait au ridicule qu’elle copiait, lorſque ſa ſœur entra.

Elle lui fit part ſur le Champ du motif de leurs éclats de rire, plaignant cependant Mylord de ſon accident. — Il m’a également fait beaucoup de peine, dit-celle-ci ; mais je n’ai pu m’empêcher de rire du baragouin & du maintien de ſon ambaſſadeur, & j’ai été preſque obligée de deviner, parmi tout ce qu’il m’a dit, que Gordon avait eu la cuiſſe caſſée. Eh bien, tu as fort mal deviné, car ſon accident n’eſt point à la cuiſſe, mais au poignet. — Je vous demande pardon, ma ſœur, il a eu la cuiſſe fracaſſée dans une chûte de cheval. — Il n’eſt nullement queſtion de chûte de cheval, interrompit Madame d’Orfoi. Son malheur lui eſt arrivé à