Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

156
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


de-l’Auxerrois, il y fut arrêté par l’exempt, qui s’était porté en ce quartier-là. Il fut conduit au Fort-l’Évêque et mis dans un endroit retiré du commerce des hommes, sans qu’il pût savoir pourquoi. Deux jours après on l’en sortit pour prêter l’interrogatoire devant M. le lieutenant criminel.

— N’êtes-vous pas ce méchant garçon qui avez débauché tant de filles ? lui dit le juge dès qu’il le vit.

— Non, monsieur, répondit-il, mais je suis ce jeune garçon que tant de méchantes filles ont débauché.

Le lieutenant criminel sourit à cette gentillesse, et le regardant des pieds jusqu’à la tête, avec des yeux d’une personne qui avait envie de rire :

— Connaissez-vous Amarante ? reprit-il.

— Sans doute, continua Céladon ; je la dois bien connaître, puisqu’à force de présents elle m’a séduit et obligé de coucher avec elle ; c’est une putain à gros calibre, et qui, ayant secoué le joug de la pudeur dès ses plus tendres années, a dépucelé toute la jeunesse d’Alençon.

— Vous faites là un beau portrait d’une personne que vous serez sans doute obligé d’épouser bientôt, ajouta le juge : c’est elle qui vous fait arrêter et qui me demande que vous satisfassiez au contrat de mariage que vous lui fîtes à Séez.

— Quand il serait vrai que je lui eusse fait un contrat, dit Céladon, je ne pense pas pour cela que votre