Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/42

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CHANT II


Argument. — Pendant que Renaud et Sacripant combattent pour la possession de Bayard, Angélique, fuyant toujours, trouve dans la forêt un ermite qui, par son art magique, fait cesser le combat entre les deux guerriers. Renaud monte sur Bayard et va à Paris, d’où Charles l’envoie en Angleterre. — Bradamante, allant à la recherche de Roger, rencontre Pinabel de Mayence, lequel, par un récit en partie mensonger et dans l’intention de lui donner la mort, la fait tomber au fond d’une caverne.



Très injuste Amour, pourquoi si rarement fais-tu se correspondre nos désirs ? D’où vient, perfide, qu’il t’est si cher de voir la discorde régner entre deux cœurs ? Tu ne me laisses point aller au gué facile et clair, et tu m’entraînes à l’endroit le plus sombre et le plus profond. De qui désire mon amour, tu m’éloignes, et tu veux que j’adore et que j’aime qui m’a en haine.

Tu fais qu’à Renaud Angélique paraît belle, quand il lui paraît, à elle, laid et déplaisant. Lorsqu’elle le trouvait beau et qu’elle l’aimait, lui la haïssait autant qu’on peut haïr. Maintenant, il s’afflige et se tourmente en vain ; ainsi la pareille lui est bien rendue. Elle l’a en haine, et cette haine est si forte, que, plutôt que d’être à lui, elle choisirait la mort.

Renaud crie au Sarrasin avec beaucoup de hau-