Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/7

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lants comme les rayons du jour qui l’éclaire, et plus durables que les monuments qui l’embellissent. Soit qu’il nous entraîne à la poursuite d’Angélique qui fuit le paladin Renaud à travers les forêts pleines d’épouvante ; soit qu’il nous raconte la folie furieuse de Roland, semant sur son passage la terreur et la mort ; soit qu’il décrive les batailles homériques des Sarrasins et des soldats de Charlemagne sous les murs de Paris ; soit qu’il s’égare en quelque digression plaisante et joyeuse, comme l’histoire de Joconde, il nous tient sous le charme de sa belle humeur, de sa langue nombreuse et imagée, de son éloquence indignée ou railleuse, sans cesse maître de lui-même, et en conservant toujours un ordre admirable dans un désordre apparent.

Il y a dans l’Orlando furioso, dit Voltaire, un mérite inconnu à toute l’antiquité, c’est celui de ses exordes. Chaque chant est comme un palais enchanté, dont le vestibule est toujours dans un goût différent, tantôt majestueux, tantôt simple, même grotesque. C’est de la morale ou de la gaieté, ou de la galanterie, et toujours du naturel et de la vérité.

Rien de plus vrai que cette observation ; mais si, dès le vestibule, l’architecte a déployé ses plus rares merveilles, l’intérieur du palais n’est pas