Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/165

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absence, avaient toutes pris de jeunes amants, afin, sans doute, de ne point se refroidir dans leur lit solitaire.

« Les Grecs trouvèrent leurs maisons pleines d’enfants qui étaient à d’autres qu’à eux. Cependant, d’un commun accord, ils pardonnèrent à leurs femmes, comprenant bien qu’elles n’avaient pu jeûner si longtemps. Mais ils résolurent d’expulser les fils de l’adultère, et de les envoyer chercher fortune ailleurs, ne voulant pas qu’ils fussent plus longtemps nourris à leurs frais.

« On en exposa une partie ; les autres furent cachés par leurs mères et conservèrent la vie. Les adultes furent répartis, d’un côté et d’autre, de différentes façons : les uns furent faits soldats ; les autres cultivèrent les sciences et les arts ; ceux-ci labourèrent la terre ; ceux-là prirent du service dans les cours ; d’autres enfin devinrent pasteurs, selon qu’il plut à Celle qui coordonne tout ici-bas.

« Parmi ceux qui partirent, se trouvait un jeune homme, fils de la cruelle reine Clytemnestre. Il était âgé de dix-huit ans, et frais comme un lis ou la rose nouvellement cueillie sur le buisson, Monté sur un navire armé en guerre, il se mit à parcourir les mers, et se livra à la piraterie, en compagnie d’une centaine de jouvenceaux de son âge, choisis dans toute la Grèce.

« Dans le même temps, les Crétois ayant chassé leur roi Idoménée, à cause de sa cruauté, rassemblaient de tous côtés des troupes et des armes pour défendre leur nouvelle république. Ils prirent