Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/181

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le plus possible notre mort, car plus de dix mille femmes seront présentes sur la place, et autant resteront à la garde du port, des remparts et de la ville. Je ne vois aucun chemin sûr par où nous échapper. »

Marphise dit : « Seraient-elles plus nombreuses que les soldats que Xerxès eut jadis autour de lui, plus nombreuses que les anges rebelles qui, à leur éternelle honte, furent chassés du ciel, si tu es avec moi, ou si, du moins, tu n’es pas avec elles, je prétends les occire toutes en un jour. » Guidon reprit : « Je ne connais pas de moyen pour tenter de nous ouvrir un chemin, sinon un,

« Un seul peut nous sauver s’il réussit, et je vais vous le dire maintenant qu’il m’en souvient. Hors les femmes, il n’est permis à personne de sortir et de se promener sur le rivage. Pour cette raison, il faut que je me confie à la fidélité d’une de mes épouses qui m’a souvent donné de son profond amour de plus fortes preuves que celle que je lui demanderai aujourd’hui.

« Non moins que moi, elle désire se soustraire à cette servitude pour me suivre ; car elle espère, une fois débarrassée de ses rivales, vivre seule avec moi. Elle fera, pendant que l’obscurité règne encore, préparer dans le port une fuste ou un brigantin que vos matelots trouveront tout disposé pour partir, dès qu’ils y seront arrivés.

« Derrière moi, vous tous, chevaliers, marchands et matelots, qui avez été forcés malgré vous de recevoir l’hospitalité sous mon toit, vous aurez à