Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/201

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action basse et mauvaise et contraire à la chevalerie, que de chercher à donner la mort à une femme ; que cependant, s’il veut combattre, il ne se dérobe pas, mais qu’il l’engage à considérer tout d’abord qu’il importe qu’un noble chevalier, comme il semble l’être, ne trempe pas ses mains dans le sang d’une femme.

Ce fut en vain qu’il lui parla de la sorte ; il fallut en venir aux mains. Après avoir pris du champ, ils revinrent l’un sur l’autre à toute bride. Les fusées ne sont pas si promptes à s’échapper de la main de l’artificier, les jours de réjouissances publiques, que les deux destriers ne le furent à se faire s’entre-choquer les chevaliers.

Hermonides de Hollande vise bas, afin de frapper son adversaire au flanc droit, mais sa faible lance se brise avec fracas, sans faire grand mal au chevalier d’Écosse. Le coup porté par son adversaire fut moins débile et moins vain ; il rompt l’écu, frappe l’épaule qu’il traverse de part en part, et renverse Hermonides sur l’herbe.

Zerbin, qui pense l’avoir tué, est saisi de pitié ; il met aussitôt pied à terre, et lui enlève son casque. Le guerrier, dont le visage a la pâleur de la mort, semble sortir de sommeil. Il regarde fixement Zerbin sans parler ; puis il lui dit : « Je ne me plains pas d’avoir été abattu par toi, car tu montres bien que tu es la fleur des chevaliers errants ;

« Mais ce qui me remplit de douleur, c’est que cela me soit arrivé à cause d’une femme perfide,