Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/215

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« Et il ne tarda pas à succomber, suivant de près mon frère qui venait de rendre l’âme. Pour nous, témoins de cette scène, aussitôt que nous eûmes appris la vérité de la bouche du vieillard, nous nous emparâmes de cette abominable bête féroce, plus cruelle que toutes celles qui habitent dans les bois, et nous la renfermâmes dans un lieu obscur, la réservant au juste supplice du feu. »

Voilà ce que dit Hermonides. Il voulait continuer et raconter comment Gabrine s’était échappée de prison, mais la douleur que lui causait sa blessure devint si vive, qu’il retomba tout pâle sur l’herbe. Pendant ce temps, les deux écuyers qu’il avait avec lui, avaient fait une litière avec de grosses branches d’arbres. Hermonides s’y fit placer, car il n’aurait pu s’en aller d’une autre façon.

Zerbin fit ses excuses au chevalier, lui disant qu’il était très fâché de l’avoir mis dans cet état, mais que, ainsi que c’était la coutume parmi les chevaliers, il avait dû prendre la défense de celle qui était avec lui ; que s’il avait agi autrement, il aurait trahi sa foi, car, en la prenant sous sa garde, il avait promis de la défendre de tout son pouvoir contre quiconque viendrait l’attaquer.

Il ajouta que s’il pouvait lui être agréable en toute autre chose, il se mettait volontiers à sa disposition. Le chevalier répondit qu’il lui recommandait seulement de se séparer de Gabrine avant qu’elle eût l’occasion de machiner contre lui quel-