Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/232

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venait criant : « Attendez, attendez ; arrêtez-vous là ; ici l’on doit le péage. Et si l’on ne vous a pas dit l’usage adopté ici, je vais vous le dire. » Et il commence à leur expliquer la coutume que Pinabel fait observer.

Puis il poursuit en leur donnant le conseil qu’il donnait aux autres chevaliers. « Faites dépouiller votre dame de ses vêtements — disait-il — et vous, mes fils, laissez vos armes et vos destriers. Ne vous exposez pas au danger d’affronter quatre guerriers si redoutables. On trouve partout des habits, des armes et des chevaux ; la vie seule ne se remplace pas. »

« N’en dis pas plus — répondit Roger — n’en dis pas plus, car je suis informé de tout cela, et je viens ici pour essayer mes forces et voir si je suis aussi bon à l’action que je me sens le cœur solide. Mes armes, mes habits et mon cheval, je ne les donne à personne, surtout quand je n’ai encore éprouvé que des menaces. Je suis persuadé que mon compagnon ne cédera pas davantage ses armes sur de simples paroles.

« Mais, pour Dieu, fais en sorte que je voie promptement en face ceux qui prétendent m’enlever mes armes et mon cheval, car nous avons à franchir encore cette montagne, et nous ne pouvons nous arrêter longtemps ici. » Le vieillard répondit : « Voici quelqu’un qui passe le pont pour te satisfaire. » Et il disait vrai, car un chevalier sortit du château, revêtu d’une soubreveste rouge, constellée de fleurs blanches.