Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/113

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« Tu dors, Pénélope, le cœur affligé de chagrins ? Les immortels, dont les jours sont exempts de soucis et de larmes[1], ne veulent point que tu pleures et que tu gémisses. Ton fils te sera bientôt rendu, car il n'est pas coupable envers les dieux.»

Pénélope, goûtant un doux sommeil dans le palais des songes[2], lui répond aussitôt :

« Pourquoi, ma sœur, es-tu venue en ces lieux ? Jamais tu ne visitas mes demeures, tant nos palais sont éloignés les uns des autres. Tu m'ordonnes de calmer mes chagrins et les nombreuses douleurs qui dévorent mon cœur et mon âme. Mais j'ai perdu un noble et magnanime époux, qui brillait par ses vertus entre tous les fils de Danaüs ( cet illustre guerrier dont la gloire a retenti dans toute la Grèce et jusqu'au sein d'Argos). Maintenant mon fils chéri m'a quittée. Cet enfant, qui ne peut encore ni supporter les fatigues de la guerre, ni parler dans les assemblées publiques, est parti loin de moi sur un creux navire. Je pleure son absence plus encore que celle d'Ulysse. Tremblante, je crains qu'il n'ait beaucoup à souffrir soit sur la mer, soit parmi les peuples étrangers. De nombreux ennemis trament la perte de mon fils et veulent l'égorger avant qu'il ait touché la terre de sa patrie. »

Le ténébreux fantôme réplique à ces paroles :

« Rassure-toi, et n'abandonne pas entièrement ton âme à la douleur. Télémaque est accompagné d'un guide dont tous les hommes désireraient obtenir l'assistance (car son pouvoir est sans

    extérieure de la porte ; cet anneau était destiné aussi à tirer la porte à soi pour la fermer. Lorsqu'on voulait entrer, on détachait la courroie de l'anneau, et l'on aidait le mouvement du levier par une espèce de verrou qui avait un manche et qu'on introduisait dans le trou par où passait la courroie.

  1. ) Le poète dit : θεοὶ ῥεῖα ζώοντες (vers 805) (les dieux vivant facilement). Madame Dacier, Bitaubé et Dugas-Montbel ont, passé tous trois sous silence l'épithète qu'Homère donne aux dieux ; Clarke et Dubner la traduisent par : dii facilèviventes ; et Voss la rend par : die seligen Gœtter des Himmels (les dieux bienheureux du ciel).
  2. ) Il y a dans le texte : ἐν ὀνειρείηισι πύληισιν (vers 809) (sous les portes des songes). D'après Homère le séjour des songes était situé à l'entrée du royaume des ombres vers le couchant. Dans cette phrase, il faut entendre que Pénélope repose à l'entrée du royaume des ombres.