Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/119

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il eût ressenti une douce joie. — C'est là que s'arrête surpris et étonné le messager Mercure. Quand il a bien admiré toutes ces beautés, il entre dans la vaste grotte. La divine Calypso, en apercevant Mercure, le reconnaît aussitôt (car les dieux immortels ne sont jamais étrangers l'un à l'autre quelque éloignées que soient leurs demeures). Mercure ne trouve point le magnanime Ulysse au pied de la déesse ; ce héros, assis sur le rivage, poussait de longs gémissements.

Là, comme autrefois, consumant son cœur dans les pleurs, les soupirs et les chagrins , Ulysse contemplait la mer stérile en répandant des larmes. Calypso, la plus noble des déesses, place Mercure sur un trône éclatant et splendide, et elle lui adresse ces mots :



« Pourquoi, Mercure, immortel vénérable et chéri, dieu qui porte le caducée d'or, es-tu venu en cette île où tu ne pénétras jamais ? Dis-moi ce qui t'amène, car mon désir est d'accomplir tes vœux, si je le puis, et si leur accomplissement est possible ; (mais suis-moi d'abord afin que je t'offre un repas et l'hospitalité).

Elle dit, et place devant Mercure une table chargée d'ambroisie ; puis elle verse au dieu un rouge nectar. Le messager Mercure prend aussitôt les aliments et le breuvage qui lui sont