Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/156

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silence. Tout à coup se lève le vieux guerrier Échénus, le plus âgé des Phéaciens, Échénus qui brillait par ses paroles et par sa connaissance des temps passés ; ce héros, plein de bienveillance, s'exprime en ces termes :

«Non, sans doute, Alcinoüs, il n'est point généreux ni convenable de laisser un étranger assis sur la cendre du foyer. Tu le vois, tous les convives se taisent et attendent tes ordres. Ordonne donc qu'il se lève ; fais-le asseoir sur un siège magnifique orné de clous d'argent, et commande à tes hérauts de verser le vin, afin que nous offrions des libations au dieu qui lance la foudre, à Jupiter qui toujours accompagne les suppliants placés sous la protection divine. Que ta vénérable intendante serve à cet étranger les mets qui sont renfermés dans ton palais. »

Alcinoüs, après avoir entendu ces paroles[1], présente la main au prudent et ingénieux Ulysse, le relève et le fait asseoir sur un siège brillant, sur celui que venait de quitter son fils bien-aimé, le brave Laodamas assis à ses côtés. Alors une esclave, portant une belle aiguière d'or, verse l'eau qu'elle contient dans un bassin d'argent pour qu'Ulysse baigne ses mains vigoureuses ; puis elle place devant l'étranger une table lisse et polie ; une vénérable intendante y dépose le pain et les nombreux aliments qu'elle offre ensuite avec largesse. Tandis que le divin Ulysse boit et mange selon ses désirs, le puissant Alcinoüs dit à l'un de ses hérauts : « Pontonoüs , mêle le vin dans le cratère, et présente des coupes pleines à tous les convives, afin que nous offrions des libations à Jupiter qui toujours accompagne les suppliants placés sous la protection divine. »

Il dit. Pontonoüs mêle le doux nectar dans le cratère ; puis il

    termes : And humbled in the ashes took his place ; et il ajoute ensuite en note que, chez les anciens Grecs, les suppliants avaient l'habitude de s'asseoir sur les cendres, parce que les foyers étaient sous la protection de Vesta.

  1. Le texte grec porte : αὐτὰρ ἐπεὶ τό γ᾽ ἄκουσ᾽ ἱερὸν μένος Ἀλκινόοιο, (vers 167) (dès que la sainte puissance d'Alcinoüs eut entendu). Cette forme se rencontre fréquemment dans Homère : la sainte puissance est souvent employée comme ici pour exprimer le héros lui-même.