Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/26

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pénible et aux cornes tortueuses [1]. Ensuite je l'enverrai à Sparte et dans la sablonneuse Pylos pour qu'il s'informe, par ouï-dire, du retour de son père chéri, et qu'il obtienne une gloire insigne entre tous les hommes. »



Ayant ainsi parlé, elle attache à ses pieds de magnifiques et d'immortels brodequins en or, qui la portent sur les ondes et sur la terre immense avec autant de rapidité que le souffle des vents ; puis elle saisit une forte lance dont la pointe est d'airain, arme lourde, longue et terrible, destinée à renverser les bataillons de héros contre lesquels s'irrite la fille du dieu puissant. Elle part en s'élançant des sommets de l'Olympe et s'arrête au milieu de la population d'Ithaque, devant le vestibule d'Ulysse, sur le seuil de la cour. La déesse, sous les traits de l'étranger Mentes, roi des Taphiens, tient entre ses mains sa lance redoutable ; elle trouve les fiers prétendants se livrant au jeu de dés, couchés sur des peaux de bœufs qu'ils avaient immolés eux-mêmes ; des hérauts et des serviteurs actifs s'empressaient, les uns de mêler le vin et

  1. Εἵλιποδας ἕλικας βοῦς, mot à mot, des bœufs aux jambes tournées, ou marchant péniblement, et aux cornes contournées. Homère emploie ici l'épithète εἱλίπους, pace que les bœufs ont toujours une marche mal assurée, et portent constamment leurs pieds de travers, surtout ceux de derrière.