Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/266

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» Resté seul, je parcours en tous sens mon vaisseau, lorsqu'un tourbillon sépare les flancs de la carène qui est elle-même emportée par les vagues ; le mât aussi est arraché de la carène ; mais comme une longue courroie faite avec la dépouille d'un taureau pendait à ce mât, je les réunis aussitôt ; je m'assieds sur les débris de mon esquif, et je m'abandonne aux vents pernicieux.



» Alors le Zéphyr cesse et la tempête s'apaise. Bientôt arrive le Notus qui, portant la douleur dans mon âme, me fait craindre d'avoir à lutter encore avec l'horrible Charybde. Pendant toute la nuit, je suis le jouet des flots, et aux premiers rayons du jour je me trouve auprès des rochers de Charybde et de Scylla. L'horrible Charybde engloutissait en ce moment l'onde salée. Je m'élance alors sur un haut figuier, et j'y reste fortement attaché comme une chauve-souris. Je ne pouvais ni me reposer sur mes pieds, ni m'élever plus haut, car les racines de cet arbre étaient éloignées, et les longues branches qui ombrageaient l'abîme étaient à une très grande hauteur. J'y reste suspendu jusqu'à ce que le monstre ait rejeté de son sein le mât et la carène