Page:L’Odyssée (traduction Bareste).djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des outres bien cousues. Télémaque retourne ensuite au palais se mêler à la foule des prétendants.


Télémaque lui répond en disant :

Minerve, la déesse aux yeux d'azur, conçoit un nouveau projet. Sous les traits de Télémaque elle parcourt la ville entière, adresse la parole à chaque homme qu'elle rencontre, et lui ordonne de se rendre vers le soir sur un navire rapide [1] ; puis elle demande un vaisseau léger à Noémon, fils illustre de Phronius, qui le lui accorde aussitôt.


Quand le soleil est couché et que toutes les rues sont enveloppées dans l'ombre, Minerve lance l'agile navire à la mer et dépose dans l'intérieur du bâtiment tous les agrès [2] que portent les vaisseaux de long cours. Placée à l'extrémité du port, la déesse rassemble autour d'elle, en les excitant, tous les valeureux compagnons de Télémaque.


Minerve, méditant encore un autre dessein, vole au palais du divin Ulysse, où elle trouve les prétendants faisant des libations ; elle répand un doux sommeil sur leurs yeux ; et aussitôt les coupes s'échappent de leurs mains. Ils se dispersent dans la ville et vont chercher le repos : ils ne l'attendent pas longtemps, car le sommeil avait appesanti leurs paupières. Alors Minerve, prenant la taille et la voix de Mentor, appelle ainsi le fils de Pénélope :


« Télémaque, tes compagnons aux belles cnémides sont assis sur les bancs des rameurs et attendent tes ordres. Allons, et ne différons pas notre départ. »


En parlant ainsi, Minerve-Pallas précède rapidement Télémaque, et ce héros suit les pas de la déesse. Dès qu'ils sont près du vaisseau, ils trouvent sur le rivage leurs compagnons à la longue chevelure ; et Télémaque leur adresse la parole en ces termes :

« Hâtons-nous, amis, apportons les provisions : elles sont déjà toutes rassemblées dans ce palais Ma mère et ses suivantes ne

  1. Νῆα θοήν. Madame Dacier et Bitaubé traduisent avec trop de liberté ces deux mots (navire rapide) par rivage.
  2. Nous avons suivi la traduction de Dugas-Montbel en rendant ὅπλα par agrès, attendu que ce mot signifie quelquefois : les armes, et, en général : Tout ce qui aide, tout ce qui est utile.