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ii
PRÉFACE.

et la langue française est devenue presque nationale, là même où les foudres de l’anathème avaient été lancées contre elle.

Loin de prendre aucune part à la réaction, nous autres Wallons, nous restâmes fidèles à nos sympathies : nos relations commerciales s’étaient étendues sous le régime impérial ; d’heureuses innovations s’étaient introduites dans notre enseignement ; et à cet égard, le nouveau Gouvernement qui nous fut imposé, ne se montra point persécuteur alors qu’il pouvait l’être impunément. Je n’ai pas oublié que les personnes, qui enregistraient ses actes, supposèrent qu’il voulait nous ramener insensiblement à son culte, à son langage et à sa littérature : il se peut que ces suppositions ne fussent pas entièrement gratuites : le monopole de l’instruction fut tenté plus tard ; les chefs-d’œuvre d’outre Moerdyk firent gémir nos presses ; et une grande demi douzaine de petits néophytes, proclamèrent jusque sur les toits, l’usage exclusif du langage par excellence : à cette tentative s’arrêtèrent les effets de leur beau zèle.

En ma qualité d’auteur du Dictionnaire Wallon et Français, je suis souvent consulté sur l’origine de notre idiome ; et l’on n’est pas satisfait des explications que je donne pour arriver à cette judicieuse conclusion : au demeurant je n’en suis pas sûr. Qu’on lise les gros volumes qui traitent de ces sortes de matières, et, à la forme dubitative près, on en reviendra à ma conséquence.

Si nous remontons à nos premières notions historiques, nous verrons notre petit pays divisé en plusieurs petits peuples, unis par tous les liens qui attachent l’homme à l’homme ; ce qui prouve communauté d’intérêts et de langage. L’histoire nous les représente virils, positifs, belliqueux, et doués d’une sévère franchise. S’il est vrai que les mœurs des nations se devinent par leurs langues et leurs proverbes, notre idiome aurait de grands rapports avec celui de nos pères.

Ne pouvant nous subjuguer ni par le fer ni par la corruption,