Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/60

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50. Pour qui réalise le détachement intérieur, il n’est plus, ici-bas, ni bien ni mal. Efforce-toi donc au yoga ; le yoga est, dans les actes, la perfection.

51. Car les sages, qui ont réalisé le détachement intérieur, esquivant le fruit qui naît des actes, libérés des liens de la renaissance, vont au séjour bienheureux.

52. Quand ta pensée aura traversé les ténèbres de l’erreur, tu n’éprouveras que dégoût pour tout ce que t’aura enseigné, tout ce que pourrait t’enseigner la révélation[1].

53. Quand, détachée de la révélation, ta pensée sera fixée, stable, inébranlable dans la contemplation, alors, tu seras en possession du yoga.

ARJUNA dit :

54. Quand dit-on, ô Keçava, qu’un homme est en possession de la sagesse, qu’il a atteint la contemplation ? Celui qui est en possession de la lumière, comment parle-t-il ? Comment s’asseoit-il ? Comment marche-t-il ?

  1. « Révélation » est une traduction commode, mais qui, pour être exactement entendue, réclamerait quelque commentaire. Il s’agit de la « çruti » (ce qui a été entendu…). Le mot embrasse dans l’Inde les textes anciens et sacrés (tels les hymnes du veda qui passent pour avoir été « entendus » par les sages antiques favorisés d’une inspiration surhumaine) et s’oppose à la « smṛiti » (« ce dont on se souvient »), la « tradition ».