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L’ACTION

ARJUNA dit :

1. Si, ô Janârdana, tu juges la pensée supérieure à l’action, pourquoi, alors, ô Keçava, me pousses-tu à des actes terribles ?

2. Ton discours, comme mêlé de vues contraires, jette mon esprit dans la perplexité ; énonce enfin une affirmation précise qui me montre la voie meilleure.

BHAGAVAT dit :

3. Il y a en ce monde, héros sans tache, je te l’ai dit déjà, deux attitudes : celle des penseurs qui repose sur l’effort de l’esprit, celle des ascètes sur l’effort pratique.

4. Il ne suffit pas de s’abstenir d’action pour se libérer de l’acte ; l’inaction seule ne mène pas à la perfection.

5. Jamais personne ne saurait un seul instant demeurer entièrement inactif ; malgré qu’il en ait, du fait des guṇas issus de la prakṛiti[1], chacun est condamné à l’action.

  1. La « prakṛiti », on l’a vu, embrasse tout le monde sensible et vivant, le monde de l’activité, tout, en dehors du « purusha », de l’âme, conçue comme essentiellement passive.