Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du monde sensible. Si l’homme imagine en être l’agent, c’est qu’il est égaré par la conscience personnelle.

28. Mais celui, ô guerrier aux longs bras, qui connaît la vérité sur la double série des guṇas et des actes, sait que ce sont toujours les guṇas opérant sur les guṇas, et il demeure détaché[1].

29. C’est parce qu’ils sont égarés par les guṇas du monde sensible que les hommes s’attachent aux actes, ouvrage des guṇas. Il ne faut pas que celui qui sait toute la vérité jette dans le trouble les esprits lents, aux lumières imparfaites.

30. Rapportant à moi toute action, l’esprit replié sur soi, affranchi d’espérance et de vues intéressées, combats sans t’enfiévrer de scrupules.

31. Voilà mon enseignement : les mortels qui s’y conforment toujours avec foi et sans murmure sont, eux aussi, affranchis des actes.

32. Quant à ceux qui murmurent contre ma doctrine, qui ne s’y conforment pas, sache que ce sont des insensés à qui toute connaissance échappe ; ils sont perdus.

33. Mais chacun, fût-ce le plus instruit, se comporte conformément à sa nature ; tous les êtres

  1. D’après la théorie, l’activité humaine relève de la prakṛiti, non moins que les choses sensibles ; par leur origine comme par leur objet, les actes sont donc entièrement du domaine de la prakṛiti.